La similitude entre Brahma
et Abraham ne se limite pas à
la proximité phonétique entre les deux noms ni à d’une lecture rapide du texte biblique qui laisserait penser qu' Abraham serait
lui-même le créateur du Ciel et la terre, transformant ainsi le Patriarche en
dieu lui-même, ils
ont bien d’autres points communs.
Tous deux eurent des
enfants à un âge avancé (Gen. 15:2-4 et Gopatha Brahmana 1:1), tous deux eurent
deux fils : Atharva et Angiras pour Brahma, Ismaël et Isaak
pour Abraham, tous
deux eurent deux épouses, qui plus est, présentent des similitudes troublantes.
Si le nom de Sarah ressemble à s'y méprendre à Saraswati, Pârvatî, le nom de la
seconde épouse de Brahma, aurait la même signification que Agar. En effet
Agar, la mère d’Ismaël est connue en arabe sous le nom d’ Hajar (il n’y a pas
de G, ni de E en arabe). Hajar en arabe signifie pierre, précieuse ou non, et
Pârvatî signifie "celle qui réside dans les montagnes" ou simplement
« montagne ; ce qui n’est pas bien surprenant puisqu'elle est fille
d'Himavat, soit Himalaya.
Il est important de noter
qu’en Inde Abraham est nommé Brahmaji, père de l’humanité et premier des dieux,
alors que Brahma est nommé Parjapati, qui signifie « père des
nations », soit une parfaite définition du nom d’Abraham en hébreu.
Quelle importance me
direz-vous, Brahma et Abraham ne peuvent se rencontrer que sur leur perception
de Dieu, or l’Abrahamisme et le Judaïsme qui le suit, revendique un dieu unique
et l’Hindouisme est polythéiste. Or, il semble qu’il n’en est rien et que
l’Hindouisme des origines - celui qui recoupe l’époque d’Abraham (-1800
environ) - soit en fait parfaitement monothéiste.
Les Traités du Véda :
Rigvéda, Yajurvéda, le Samvéda, Atharvavéda, nous disent que Brahman est le Dieu
Unique, la réalité ultime, l’âme absolue et universelle. Quelques
citations :
-
« Les sages appellent Dieu l’unique par des nombreux
noms » (Rigvéda 1 :164 :46)
- " Rien ne lui ressemble" (Rigvéda 8 :1 :1)
-
« Oh mon ami, n’adore que Lui, dieu unique » (Rigvéda 8
:1 :1)
-
« Il est au-delà de l’image » (Yajurvéda 32 :3)
-
« Il est sans corps et
pur » (Yajurvéda 40 :8)
-
« Ils entrent dans l’obscurité ceux qui adorent les éléments
naturels, ils s’enfoncent dans l’obscurité ceux qui adorent les idoles »
(Yajurvéda 40 :9)
-
Dans les Upanishad, les
textes philosophiques qui forment la base théorique de la religion hindoue et
qui constituent en quelque sorte la conclusion des Veda, Brahman est décrit
comme le Dieu indescriptible, omniscient, omniprésent, absolu transcendant, et le
principe de toute chose, au-delà de l’espace et du temps.
-
« Il est unique sans autre second » (6 :2 :1)
-
« Il n’a ni parents ni Seigneur » (6 :9)
-
« Rien ne lui ressemble »
-
« Il est sans forme visible, personne ne peut le voir avec
son œil » (4 :20)
-
L’Hindouisme des origines
serait donc considéré à tort comme polythéiste car en réalité il n’y a qu’un
seul dieu à l’origine de tout, créateur du monde et omnipotent nommé Brahman.
Le mot
d’Hindouisme est en fait plus récent que la religion elle-même qui
remonte à la nuit des temps. Ce sont les Musulmans, rencontrant pour la
première fois des hindouistes dans la vallée du Sindt, où coule l’Indus, qui
leur ont donné un nom dérivé de cette province et de ce fleuve. On devrait
parler plutôt de Brahmanisme, soit la religion des prêtres Brahmanes ou
utiliser le terme de sanatanadharma, soit la loi éternelle » (Les
religions de l’Humanité par Michel Malherbe page 211).
Le Brahmanisme monothéiste
originel cède rapidement la place à un triumvirat ou une Trinité qui comporte
outre Brahma, le créateur, Vishnou, le protecteur et Shiva, le destructeur.
Shiva est un dieu dynamique, qui semblable à la vie, crée et détruit ;
Vishnou au contraire est statique, chargé de maintenir l’ordre du monde. Dans
cette trinité, c’est Shiva et Vishnou qui sont à l’honneur, et les temples qui
leurs sont consacrés dépassent de beaucoup les quelques temples consacrés à
Brahma. Il existe également des sectes Vishnouïtes et des sectes Shivaïtes,
pour les adeptes desquels Brahma est un dieu secondaire. Rien ne vient
limiter le nombre de dieux aux deux dieux cités. Une quantité d’autres dieux
plus ou moins importants, vivent au ciel et certains d’entre eux ont une durée
de vie semblable à celle des hommes. Dès le début de l’époque védique on
comptait 33 dieux dont le chef était Indra, source de la force cosmique et
maître de la pluie, qui habite le mont Meru. S’y sont rajoutés par la suite un
nombre incalculable de dieux, et chaque hindouiste consacrera sa dévotion au
dieu qui lui correspond et lui convient le mieux.
Selon la tradition juive, cela revient à attribuer à des attributs divins ou à des manifestations
climatiques ou matérielles, une autonomie qui transforme un attribut (lire en
hébreu Séphira ou Mida) ou une manifestation climatique, en un dieu à part entière.
C’est comme si la Sephira Gevoura (Din) devenait le dieu de la guerre, la
Sephira Hessed, le dieu de la bonté, Tiférét se transformant en dieu beauté. Ce
dérapage est compréhensible dans la mesure où l’on a tendance à adorer ce qui
précisément nous manque et ce à quoi nous aspirons. Il n’est pas étonnant qu’un
paysan adore et sacrifie au dieu de la pluie et qu’un forgeron s’attache au
dieu de la guerre. Cela dépend aussi du niveau culturel de l’individu ;
une personne peu évoluée aurait tendance à s’attacher à la lettre de la chose
et un individu plus cultivé à son aspect symbolique.
La répartition des taches
entre Shiva qui crée et détruit et Vishnou chargé de maintenir
l’ordre du monde nous renvoie à un concept judaïque qui nous dit qu’avant de
créer le monde que nous connaissons, D.ieu créait des mondes et les détruisait,
bara Olamot ou ma’hrivan (Midrash Berechith Rabba 3 et Ezekiel
60 :17). Ce concept
mériterait un long développement qui est hors sujet dans notre développement. Il
n’empêche que le couple Vishnou-Shiva a pour mission de compléter l’œuvre créatrice
de Brahma, l’un générant des cycles, qui ont un début et une fin, et l’autre modérant
les ardeurs du premier. Ceci aboutit au
concept de Trinité qui a une portée polythéiste indéniable, mais, il n’est pas
le seul, n’est ce pas ?
Autre dérive
de l’Hindouisme est, qu’avec le temps, les prêtres Brahmanes se sont focalisés
sur le rite sacrificiel, délaissant son aspect spirituel. Les sacrifices étaient
devenus un échange de bons offices entre
les hommes et les dieux. Les hommes nourrissant les dieux par des offrandes et
attendant en retour, des récoltes abondantes, la prospérité, la longévité ;
enfin tout ce que leur dieu favori était susceptible de leur apporter. Le
pouvoir était détenu par les Brahmanes, seuls connaisseurs du rite sacrificiel
qu’ils pratiquent moyennant honoraires. Sur cette dérive du Védisme, Bouddha apparaît au devant de la scène, devenant ainsi le revivificateur de la religion védique
qui avait perdu son impact originel et son monothéisme brahmique. Mais, son
impact sur l’Inde est négligeable; nul n’est prophète dans son pays .
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